Maaden El-Ervane
Co-créer à Maaden El-Ervane, Mauritanie, un village à écologie intégrale, modèle inspirant et reproductible où agriculture, éducation, économie, habitat, gouvernance et santé seraient associés avec le souci des êtres et de la nature.
Récit du voyage de reconnaissance à Maaden El-Ervane – Août 2017 | Maurice Freund & Françoise Rual
Contexte autour de Maaden El-Ervane :
Pierre Rabhi et Maurice Freund se sont rencontrés au début des années 1980 au Burkina-Faso.
« Il est des circonstances où croire au hasard devient difficile. La complexité du monde et des diverses sociétés rendent très improbables certaines rencontres. Lorsqu’elles adviennent, elles semblent avoir été pré-déterminées par une volonté que la raison ne peut seule expliquer. Cela était écrit, selon la formule adoptée par ma culture initiale musulmane. C’est finalement ainsi que je conçois notre rencontre Maurice Freund et moi-même dans les années 1980. Nous « opérions » alors chacun dans notre domaine dans le même pays, appelée encore la Haute-Volta. Mon domaine de compétences était la terre nourricière, avec l’enseignement et la propagation auprès des paysans sahéliens de l’agriculture écologique (…). Le sien concernait le ciel avec le désenclavement de certains pays pauvres grâce aux avions de la compagnie aérienne du Point Mulhouse dont il a été l’initiateur et l’intendant majeur. »
Leur expérience commune au centre de Gorom Gorom, juxtaposant accueil hôtelier et centre de formation pour les paysans à l’agroécologie a été une réussite. Il a permis de désenclaver une région pauvre du Burkina et de former des centaines de paysans à des pratiques agricoles favorisant l’autonomie et la sécurité alimentaires. La mort prématurée de Thomas Sankara a mis un point d’arrêt à ce haut lieu du tourisme solidaire et équitable.
Depuis plusieurs années, Pierre Rabhi imagine une sorte d’oasis écologique au cœur du Sahel où hommes et nature cohabiteraient en véritable intelligence et coopération. Maurice Freund s’est rendu en Mauritanie à Maaden en août 2017 et a été convaincu que ce village se prêterait parfaitement à cette expérience créative et écologique, sachant que les premiers contacts avec la communauté villageoise ont été enthousiastes.
Pourquoi Maaden El-Ervane ?
Maaden El-Ervane est situé au sud d’Atar – capitale de l’ Adrar – nord de la Mauritanie. C’est un village créé en 1975 par un érudit soufi avec une approche sociale assez exceptionnelle reposant sur la solidarité et une collaboration participative. Depuis sa création, ce village n’a connu aucun conflit …. On y trouve une population de Maures issus de diverses tribus et de nombreux hommes originaires du sud (Sénégalais, Sarakolé etc..). On compte environ 700 habitants à Maaden.
L’économie repose sur une importante palmeraie créée ex nihilo et qui génère d’importantes quantités de dattes fin août. L’hiver, une production de carottes et de tomates est vendue jusque sur les marchés de Nouakchott à 600 kms. Les bénéfices de cette production agricole permettent le financement de l’école où 100% des enfants reçoivent un enseignement de grande qualité.
Des réunions avec les principaux notables et des villageois ont permis d’expliquer les souhaits de Pierre Rabhi et son souci de trouver un village qui se dévouerait en totalité à l’agroécologie – et à assurer son autonomie la plus large.
Le village de Maaden El-Ervane – au lendemain de l’arrivée de Maurice Freund en août 2017 – a été rassemblé pour exposer cette proposition… Maurice Freund est convaincu que la volonté de Pierre Rabhi de co-créer un village écologique modèle trouvera une population enthousiaste, impliquée (composée à 90% de paysans) qui mettra tout en œuvre pour mener à terme ce projet innovant.
Autre point important, décisif dans le choix de Maaden El-Ervane:
Le plus jeune Ministre du gouvernement mauritanien actuel (délégation Jeunesse et sport) est un enfant de Maaden. Docteur en Informatique et en mathématiques, Mohamed Djibril suit Pierre Rabhi depuis quatre ans et est un fervent partisan de la philosophie prônée dans les livres de Pierre. Il sera bien entendu notre principal interlocuteur …il vient d’ailleurs de passer toutes ses vacances au village à travailler la terre chaque jour !!!!
Maaden El-Ervane: Village modèle sobre et heureux !
Ce projet se base sur une démarche participative de la communauté villageoise accompagnée par des experts du réseau de Pierre Rabhi ainsi que des partenaires locaux. Ce village écologique reprendrait en partie les grands principes des « Oasis en tous lieux » à savoir :
Agriculture et autonomie alimentaire : L’agriculture vivrière de proximité permet de tendre vers l’autonomie alimentaire de manière écologique par l’intégration harmonieuse de l’activité agricole à l’environnement. Elle peut offrir un support d’activités conviviales de transmission et de partage de savoir-faire et de savoir-être.
Éco-construction et sobriété énergétique : Les constructions existantes seront intégrées au projet et les constructions à édifier le seront en respectant les traditions architecturales locales de façon à obtenir une intégration environnementale et paysagère complète. Ils seront également conçus pour réduire la consommation en énergie non renouvelable et en eau (phytoépuration, énergies solaires ou éoliennes, collecte des eaux de pluie, conception bioclimatique, toilettes sèches…) et utiliser des matériaux naturels.
Une gouvernance respectueuse : La gouvernance traduit l’accord que nous nous donnons pour cheminer ensemble et faire évoluer notre lieu de vie. Elle doit être claire et faciliter des relations humaines bienveillantes. Elle doit respecter les besoins du collectif comme la souveraineté de chacun.
L’accueil et l’ouverture sur le monde : Maaden El-Ervane serait ouvert à celles et ceux qui cherchent un lieu de ressourcement, dans une volonté de partage, de convivialité et de transmission. La capacité d’hébergement chez l’habitant ou dans un centre dédié à cette activité permettrait l’accueil de visiteurs étrangers et développerait l’économie locale (chauffeurs, guides, cuisine etc…)
Les objectifs en terme de développement restent encore à définir mais nous voyons clairement les deux premiers axes se dessiner.
Tout d’abord l’agriculture afin de viser l’autosuffisance alimentaire, le suivi de l’élevage, la gestion de l’eau, et bien sûr tout ce qui à trait à l’agroécologie.
Ensuite, le développement de structures d’accueil, directement inspirées de l’architecture locale, pour les voyageurs de passage et les hôtes souhaitant découvrir le village de Maaden.
Merci à Françoise Rual pour ce récit de voyage et pour son soutien dans la coordination des projets !