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Mauritanie, Mon égérie - Train du Désert ⋆ Point Afrique Voyages
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Train du Désert - Photo de Nicole Faucon Pellet
7 Mar

Mauritanie, Mon égérie

Train du Désert, au rythme du rail

Nous étions 17 pour ce tour Train du Désert en Mauritanie. Sid’Ahmed, notre guide, en berger consciencieux nous attendait au petit aéroport d’Atar le dimanche 30 décembre 2018. Direction Azougui pour une nuit sous le tikitt : dôme rond, ouvertures basses sur les côtés, c’est une case de palmes et d’herbes tressées en sbat ou herbe à chameaux.

C’est de là, d’Azougui, nichée au fond d’une vallée, que monte l’eau à Atar. Le lendemain, en route vers la capitale de l’Adrar, nous admirons le paysage : la vallée des acacias et la vallée des palmiers au loin.

Choum et Ben Amira

Par la passe de Tanzac, nous rejoignons Choum et le Train du Désert : sa locomotive jaune et bleu et ses deux wagons de passagers : l’un faisant office de restaurant et salon de repos à l’étage, l’autre de couchette. Au bord de la voie, curieux, les enfants viennent nous regarder, poser quelques questions.

C’est confortable et douillet ; un vrai plaisir de s’abandonner sur les coussins et d’admirer sans jamais se lasser le paysage qui oscille entre le blond et l’ocre, les étendues de sable parsemées de cailloux aux tons de pain d’épice et de laisser simplement le temps à la contemplation.

Avec ses banquettes moelleuses, ses rideaux aux couleurs locales, direction Ben Amira, tout en dégustant le délicieux pique-nique élaboré par les cuisiniers. Ici pas de produits surgelés, rien que du frais, du cultivé sur place et surtout, surtout : un savoir-faire, quelques astuces et de la débrouillardise dans tous les domaines. Les Maures savent tout faire : dépanner les véhicules, soigner les malades, raconter des histoires, écouter attentivement…

À tour de rôle, nous passons dans la locomotive où le conducteur et son aide répondent volontiers à nos questions. Les chameaux circulent à leur guise au milieu du désert, nullement impressionnés par cet engin qui doit klaxonner et ralentir pour laisser passer la colonne.

Ben Amira village, c’est quelques cabanes en pisé, quelques constructions sommaires soutenues par des traverses de chemin de fer. À bord d’un antique véhicule nous rejoignons le monolithe Ben Amira : celui même qui monte la garde à l’horizon et joue le rôle de phare. Il faut dire que ce géant est le plus grand d’Afrique et que sa silhouette ne passe pas inaperçu. Une nuit dans les khaïmas disposées au pied du monstre de grès dont la masse semée de blocs calcinés montre des accrocs gris, comme des trous dans l’épiderme d’un d’éléphant.

À la veillée, autour du feu, Sid Ahmed répond aux questions du groupe, déclame quelques contes puis nous dégustons un méchoui longuement élaboré et consommé autour d’une belle table, avec chaises et assiettes : du jamais vu en Mauritanie où d’ordinaire c’est sur la natte que se déroulent les repas ! Un feu d’artifice contre le velouté du ciel, histoire de passer en 2019 en douceur.

Aïcha

Le lendemain, à pied, à dos de chameau ou en 4×4,  direction un des monolithes voisins : l’amoureuse de Ben Amira. Elle porte sur un de ses flancs la marque de la naissance du monde… C’est bien une dame à n’en pas douter. Elle s’appelle Aïcha. Mais suite à leur divorce, Monsieur s’est exilé à cinq kilomètres en emmenant ses enfants et Aïcha est restée avec sa servante. À ses pieds, de magnifiques sculptures habillent les rochers ; des œuvres d’art concoctés par des artistes du monde entier. Orchestré par le Burkinabé Ky Siriki, des sculpteurs chinois, français, polonais, canadiens italiens… se sont retrouvés pour travailler sur les formes du granit, je vous invite à circuler le long de ce musée en plein air.

En fait des milliers de monolithes de toutes tailles habitent la zone : chacun a son nom et les nomades connaissent leur histoire. J’aimerais bien qu’ils me racontent, ces chameliers et autres indigènes, les secrets de ces pierres…

Sculptures de Ben Amera - Photo de Nicole Faucon Pellet

Direction Zouérate

Nouvelle embarcation dans le Train du Désert qui nous conduit vers Zouérate, le fief de Sid’Ahmed. Dès que le minéralier apparaît, le train touristique, alerté par radio, se gare sur une voie de dégagement ; en effet l’interminable train minéralier, le plus long et le plus lourd d’Afrique est toujours prioritaire et circule à longueur de jours et de nuits.

Cette unique voie ferrée, longue de 700 kilomètres, part du port de Nouadhibou, suit la frontière du Sahara occidental jusqu’à Choum puis remonte vers le nord jusqu’à Zouerate dans un impressionnant cortège de plus de 200 wagons (soit une longueur de 2,5 Kms) qui martèle la voie dans un vacarme assourdissant.

Le désert de sable défile, quelques touffes de sbat, des épineux rabougris, des ossements polis par le vent et qui brillent au soleil. Il y a ici des orpailleurs et une mine de sel.

Les dernières pluies ont fait verdir les lieux, plus loin, la terre montre ses entrailles et ses cadavres d’engins rouillés. Nous voici à Zouérate où nous logeons dans un hôtel avec Wifi pour le plus grand contentement de certains satisfaits de retrouver leurs vieilles habitudes.

La mine, un spectacle surréaliste

Le lendemain, direction la mine à ciel ouvert, sous la houlette d’un technicien chargé de la sécurité. Ça grimpe dur, sur des chemins de latérite, jusqu’à la mine désaffectée d’où les camions ne peuvent plus remonter de la fosse trop profonde. Plus loin, un tunnel muni d’un rail permettait d’acheminer les minéraux de fer jusqu’à Zouérate. L’ouverture, bouffée par les herbes, se perd dans le ventre de la montagne.

Plus loin, une mine en service regorge d’activité. Les chemins couleur de rouille sillonnent les parois des falaises à pic, des pelles mécaniques gargantuesques sont à l’œuvre, des camions gigantesques conduisent les chargements jusqu’au concassage où, au fond d’une fosse gigantesque, tourne une machine qui avale les morceaux et les recrache. Le tout se déverse sur un rail qui part vers les wagons qui défilent et se remplissent pour voyager jusqu’à Nouadhibou par l’unique voie de chemin de fer du pays.

Ce chantier pharaonique emploie 12.000 personnes. Géré par la Société Nationale des Industries Minières, il se trouve juste à côté du désert, sans transition avec lui : deux mondes parallèles.

Cette facette de la Mauritanie industrielle aux côtés des nomades et leurs troupeaux, est anachronique dans le paysage. Et je vous garantis que le contraste vaut le détour.

Retour à Choum

Un tour au musée de Zouérate, suranné poussiéreux et passionnant. Une visite à la coopérative des 20 femmes qui partent dans le désert pour ramener des pierres qu’elles cassent pour en extraire des perles, les percer et les monter en colliers ou en bracelets, le tout à la force du poignet.

Retour vers le Train du Désert qui nous berce jusqu’à Choum après la soirée improvisée par Sid’Ahmed dont l’infatigable imagination l’entraîne vers des improvisations, des contes, des chants, des charades. Excellente nuit de sommeil dans nos petites cabines exiguës, copieux petit déjeuner.

Le Train touristique du Désert ne circule que sur la portion Choum/Zouérate.

Mais certains natifs, parfois accompagnés de leurs chèvres, circulent jusqu’à Nouadhibou simplement assis sur les wagons chargés, indifférents à la poussière et aux bruits.

L’incontournable Chinguetti

Maintenant, direction Chinguetti en repassant par Azougui : un joli morceau de désert dont certaines profitent allongées à l’arrière des véhicules, chèche disposé autour de la tête, comme il se doit.

Atar, la passe de Nouatil et longue route poussiéreuse jusqu’à la Sorbonne du désert comme l’ont baptisés certains. Les inévitables bibliothèques, déambulation dans les rues envahies par le sable, un tour à l’entrée de la mosquée, quelques ruses pour éviter les marchandes harceleuses, un pique-nique dans les jardins sous les palmiers, un tour sur la dune au coucher du soleil, face à l’infini du sable blond qui moutonne jusqu’à l’horizon.

Atar la plaque tournante

Escale pour la dernière nuit à l’hôtel El Waha d’Atar, ville dans laquelle on ne fait que passer, et direction l’aéroport au lever du soleil.

L’avion survole Laayoune, Agadir, Casa, Séfi, Fez, Madrid, Tarbes puis atterrit à  Paris. C’est fini, déjà…

Il fait froid. Tout le monde est de noir vêtu. C’est déprimant.

À bientôt les amies mauresques, les amis maures. Avant que n’arrive la saison de la guetna qui voit la récolte des dattes et une chaleur insupportable pour les Européennes que nous sommes.

Merci à Sid’Ahmed attentif et vigilant, conteur, serveur, guide aux riches connaissances, espiègle joueur de sig. C’est un jeu qui consiste à lancer des baguettes de bois dans le sable ; une des faces est décorée et l’autre nature. On marque les points avec des crottes de chameau et des brindilles disposées sur un monticule de sable allongé. L’ambiance est garantie.

Merci à Point Afrique, l’infatigable travailleur de l’ombre, qui nous permet de débarquer dans cette envoûtante Mauritanie tout en aidant les populations locales.

Billet rédigé par Nicole Faucon-Pellet (romancière)
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